Le secret des affaires
Un tribunal a interdit jeudi dernier au site d’information Reflets de publier de nouveaux articles sur le groupe Altice, propriété du milliardaire Patrick Drahi, au nom du secret des affaires. Cette notion, inscrite dans la loi française en 2018, vise à lutter contre l’espionnage industriel, mais plusieurs ONG et collectifs de journalistes dénoncent les menaces qu’elle présente pour la liberté d’expression.
L’actu
Dans une décision rendue jeudi dernier, le tribunal de commerce de Nanterre a interdit au site d’information Reflets de publier de nouveaux articles sur le groupe Altice, spécialisé dans les télécoms, les médias et la publicité. Ce dernier avait saisi la justice en réaction au début de la publication, fin septembre, d’une série d’articles sur Altice et son dirigeant, Patrick Drahi. Ces articles s’appuient sur des documents issus d’un piratage informatique.
Le tribunal de Nanterre a rejeté la demande d’Altice de retrait des articles déjà publiés, mais il a estimé que la « volonté affirmée de poursuivre les publications d’informations obtenues frauduleusement par un tiers » faisait peser « une menace sur les sociétés du groupe Altice face à l’incertitude du contenu des parutions à venir qui pourraient révéler des informations relevant du secret des affaires ».
Reflets a critiqué un « procès-bâillon pour faire taire les journalistes » et a annoncé son intention de faire appel. Dans un article publié par Mediapart, Virginie Marquet, avocate et membre du collectif Informer n’est pas un délit, estime que la loi sur la protection du secret des affaires, promulguée en 2018, a été « détournée afin de censurer la presse ».
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